Comme convenu, pour ceux qui ne reçoivent pas la revue Traction Avant.
JOURNAL n°5
Compte rendu des essais d’une Traction au bioéthanol E85
Préambule : L’E85 imparfait doit évoluer vers l’éthanol cellulosique. C’est actuellement le seul carburant de substitution autorisé par l’Etat, distribué aux pompes, qui permet de conserver nos blocs fonte. Il ne faudrait pas que demain la pile à hydrogène, l’électrique ou le diester comme règle générale des constructeurs automobiles relèguent la Traction au musée des antiquités. Voici pourquoi, en avant première mondiale, nous avons testé une Traction d’origine à l’E85. Gadget ou pas ? Nous l’allons voir. En tout cas, mieux vaut trop tôt que trop tard et ce type d’aventure associative est passionnant.
Caractéristiques techniques : Essais effectués le Samedi 16 février 2008 en Belgique par deux belges et un français, tous trois adhérents de la TU, section Champagne Argonne.
Véhicule testé : Citroën 11B berline sortie en juin 1951, gris smoked (gris fumée), immatriculée AVC 479, moteur Perfo numéro AX05790, sans intervention (mécanique jamais ouverte), 77800km d’origine au compteur, historique connu, bielles droites, régulées, taux de compression 6,5, carburateur Solex 32 PBIC, bougies Champion L86C, allumage à dépression calé à 7,25° d’avance (la voiture plus souple qu’avec 8°). La voiture a été équipée par son propriétaire d’une nourrice sous forme d’un bidon gradué boulonné sur la fixation d’ouverture de capot. Un tuyau transparent relie la nourrice au carburateur sans passer par la pompe à essence. Le carburant testé s’écoule par gravité. Pour passer à l’essence, on débranche le tuyau et on rebranche la canalisation habituelle. Ce dispositif simple a permis de ne pas bouleverser la marche, d’éviter toute complication dans la gestion du réservoir et de favoriser un usage et une lecture rapides.
Première série de tests en matinée du 16 février portant sur les démarrages à froid et à chaud, tenue du ralenti. Premières observations.
Test n°1 : 10H45 : les essais débutent dans un local clos (garage) par un démarrage à froid avec 100% de E85, carburant composé de 85% d’éthanol et 15% de Sans Plomb 95. Température intérieure 6°C, extérieure 3°C. Température de l’E85 resté dans un coffre de voiture pendant la nuit : 1,5°C. On vide la cuve du carburateur. On emplit la nourrice avec 0,25l de E85. On chasse les bulles d’air. Starter tiré à fond : la voiture démarre sans hésitation. Après 30 secondes, le moteur hoquette, le régime baisse puis le moteur cale.
Test n°2 : 10H50 : deuxième démarrage à froid de confirmation. Ajout de 0,25l de E85. Starter tiré à fond. Démarrage sans hésitation. Si l’on repousse le starter, le moteur est prêt à caler. Si on le laisse au deux tiers, le régime est meilleur mais après 45 secondes, le moteur hoquette, le régime baisse puis le moteur cale (voiture froide).
Test n°3 : 11H05 : troisième démarrage à froid. Ajout de 0,50l de E85. Starter laissé à fond. Démarrage sans hésitation. Réchauffage progressif, le moteur prend doucement des tours. Essai d’accélération : le moteur s’étouffe. Aucun bruit suspect aux culbuteurs. Au bout de 5 minutes, la température d’eau est à 50°C. On repousse le starter : le ralenti est plus lent qu’habituellement. On agit sur la vis de ralenti d’un quart de tour : ralenti conforme à l’usage. Au bout de 10 minutes de chauffe, la température d’eau est à 70°C. Aucune nappe de fumée d’échappement dans le local. A l’échappement, odeur verte presque imperceptible, nettement moins âcre que l’essence. Il est possible de rester dans le local sans être asphyxié.
Test n°4 : 11H25 : démarrage à chaud (avec E85 à 3°C désormais). Ajout de 0,50l d’E85. Démarrage sans hésitation. Recherche de la meilleure richesse. On dévisse la vis d’un quart de tour : le moteur tourne plus "rond", ne cogne pas et le ralenti s’est accéléré. Divers essais : le réglage idéal semble être entre trois quart de tour et un tour de richesse en plus. Rappel : dévisser la vis amène plus de richesse, c’est-à-dire plus de carburant au sein du mélange. L’alcool étant un carburant pauvre nécessitera plus de quantité pour fournir la même puissance. Enregistrement de la dépression à l’admission : 0,7 bar stable. Durant ces tests, la consommation de E85 s’est élevée à 1,5 litre, non significative. Fin de la première série de tests à 11H45.
Première conclusion : Bien qu’étant amateurs, nous avons mené ces tests simples de façon la plus scientifique possible, prenant notre temps pour mesurer, vérifier et noter nos observations.
Même avec un bec verseur, il est difficile de transvaser l’E85 sans en perdre. Moins volatile que l’essence, ce liquide translucide à l’odeur de céréale ne laisse pas de traces sur les doigts. Les pièces de carburateur en zamak plongées dans l’E85 depuis le 05 janvier 2008 n’ont pas été altérées mais présentent une fine pellicule blanche d’oxydation. Aucun test n’a pour l’instant été effectué avec des durites en caoutchouc et un joint liège de pompe à essence. L’E85 étant plus acide, cela sera fait.
Contrairement à nos hypothèses, les démarrages à froid par température hivernale sont donc possibles sans contraintes, ceci en raison de la présence de SP95. A confirmer en période glaciale de -15°C. L’E85 étant un carburant pauvre, ralenti et richesse doivent être ajustés. Aucune chauffe anormale du moteur, à nuancer par les conditions hivernales de notre essai. Qu’en sera-t-il par 28°C ? Quelle sera alors la consommation ? En raison d’une moindre volatilité, on peut imaginer une diminution de formation de tampons de vapeur (vapor-lock).
A suivre… tests de roulage durant l’après midi.
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