Ayo !
Rien de terrible dans ce qui suit, mais je m’en souviens encore :
Habituellement, j’évite de rouler sous la pluie, car le joint de vitre arrière de ma 11 n’étant plus étanche, le tissu du ciel de toit s’auréole de vilaines tâches de part et d’autre de la lunette arrière, dès que l’eau tombe un peu fort.
L’eau pénètre aussi par ailleurs, mais je ne sais pas encore d’où ça vient.
Ce n’est pas faute d’essayer de localiser l’origine des fuites, mais pour chercher, il faut être en situation… et cette situation, je l’évite.

Bref, un (beau) jour de 2006, je me fais surprendre par une ondée qui, comme il est coutume dans la région, se transforme rapidement en pluie violente et diluvienne (que pourra).
A Nîmes, il ne pleut jamais, mais quand il pleut, il tombe en une fois, la même quantité d’eau qu’il tombe sur le reste de la France, tout au long de l’année.
Et comme les infrastructures ne sont pas prévues pour évacuer une quantité d’eau qu’un élu a peu de risque de rencontrer au cours de son mandat, le niveau a tendance à monter rapidement…
Bref donc, dès les premières gouttes tombées sur le pare-brise, je mets en marche les essuie-glaces.
Quand tout à coup, l’un d’eux, sans doute épris de liberté, se détache rapidement et se trouve projeté, semble-t-il sur le bas côté de la route.
Même avec les essuie-glaces tous les deux en fonction (et vu leur efficacité légendaire), j’avais du mal à distinguer la route. Je roulais donc au « jugé »…
Avec un seul essuie-glace restant et en plus celui du passager, la conduite devenait vraiment très difficile.
Je décidais donc de trouver un bord de route sécurisé pour m’arrêter rapidement.
N’ayant pas de parapluie ni d’équipement adéquat, ni même d’essuie-glace sur mes lunettes, je décidais de parcourir à pieds et en sens inverse, la portion de route qui me séparait du lieu probable de perte de l’essuie-glace.
J’avançais tête baissée, les yeux rivés au sol, balayant du regard le bord de l’asphalte, l’herbe du bas côté, jusqu’au plus profond du fossé qui commençait à déborder.
Avec les lunettes pleines d’eau je n’y voyais rien.
Sans les lunettes, je n’y voyais pas mieux (je suis myope).
Je me faisais rincer de la tête aux pieds par chaque voiture ou chaque camion que je croisais et je soupçonne même que certains ne m’ont jamais vu au bord de la route…
Au bout d’une heure, transit, détrempé jusqu’au os, les mains gelées, le découragement prend le dessus et je décide la mort dans l’âme, de revenir à la voiture.
Et avant d’effectuer un demi-tour règlementaire en commençant par le pied gauche (ne rigolez pas, j’en vois certains se lever devant leur écran, pour tester si ce demi-tour se fait bien en commençant par le pied gauche ou par le pied droit

), je lève le nez et j’entrevois un ‘truc’ noir au bord de la route, à une dizaine de mètres plus loin.
Je cours en direction de l’objet. Ça fait « flotche » « flotche » à chaque fois que je pose le pied parterre.
Je me baisse pour le ramasser lorsqu’une dernière voiture me frôle et me rince une ultime fois : Hourra, c’était bien mon essuie-glace préféré !
Ragaillardi par l’issue heureuse de ma mésaventure, je refais le chemin en sens inverse et retrouve ma 11 aussi détrempée que moi, au bout d’une demi-heure seulement.
Je suis dans un état tellement pitoyable que je n’ose même plus m’asseoir au volant.
Tant pis, ça sèchera…
Et c’est ainsi que je suis rentré à la maison, sans faire fonctionner le seul essuie-glace restant sur le pare-brise, de peur que ce qui restait de l’autre, ne raille la vitre détrempée à l’extérieur et embuée à l’intérieur (à moins que ce ne soit sur mes lunettes)…
Tout est bien qui fini bien, mais je ne suis pas prêt de l’oublier, celle-là !
